La mer Caspinenne, le paradis perdu du caviar ?

Y aura t il encore du caviar de la mer Caspienne ?

L’avenir du caviar en mer Caspienne n’est guère réjouissant. Mais les efforts récents pour développer l’aquaculture et le « ranching » permettront peut-être de préserver l’esturgeon dans ce qui fut, au siècle dernier, le vivier à caviar du monde.

Le caviar « sauvage » produit dans les années 1980-1990 était le dernier fruit fragile d’un effort massif de réalevinage en mer Caspienne.
Il ne subsiste aujourd’hui que très peu de zones de frais naturel accessibles aux esturgeons. De plus, les poissons subissent les effets d’une pollution intense et d’une diversité génétique sans doute affaiblie. Le réalevinage de l’époque soviétique n’ayant employé qu’un nombre restreint de souches génitrices.

Pour les gouvernements des pays riverains de la Caspienne, le caviar ne présente qu’un intérêt relatif au regard des enjeux géostratégiques et énergétiques de la région (enjeux qui entraînent d’ailleurs une pollution accrue).
Depuis l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine, on note pourtant une volonté affirmée de préserver les ressources halieutiques. Mais aussi de lutter contre le braconnage un moratoire de dix ans contre la pêche à l’esturgeon est en cours, et le réalevinage a repris du côté russe.

Les pêcheurs de l’ex-URSS

Les pêcheurs des pays de l’ex-URSS sont sceptiques quant à la capacité de leur gouvernement à faire respecter cette décision. L’Iran et la Russie ont tous deux fait le choix officiel, quoique tardif, du passage progressif à l’élevage, principalement sous forme de « ranching ». Ce mode d’élevage consiste à capturer des esturgeons dans la nature et à les acclimater dans des enclos avant d’extraire le caviar. Ceci après un ou plusieurs cycles de ponte (au cours desquels on prélève les oeufs, sans sacrifier la femelle, à des fins de reproduction in vitro ).

À l’heure actuelle une quinzaine de tonnes sont légalementproduites en Russie , et près de cinq fois plus illégalement. Cela tend à prouver qu’il subsiste un espoir de survie pour certaines espèces d’esturgeons (notamment sévruga et osciètre, l’avenir du béluga à l’état sauvage paraissant plus incertain ).

Quant aux Iraniens, ils exportent désormais chaque année quelques tonnes de caviar d’élevage. D’autres pays, le Turkménistan, refusent toujours d’adhérer à la CITES. Ils continuent dans une grande opacité de produire de petits volumes de caviar sauvage.

De part et d’autre de la mer Caspienne, on attend plus de 1 000 tonnes de caviar. Il faut surtout espérer qu’on en reste à une production raisonnée et de qualité. C’est là le moyen de soutenir les efforts de réintroduction et de sauvegarde de l’esturgeon, ce « pèlerin des plus illustres ondes», dont nous vous proposons maintenant de découvrir les secrets.

La mer Caspienne en quelques chiffres

La mer Caspienne a une superficie supérieure à celle de l’Allemagne. C’est la plus grande étendue d’eau enclavée dans le monde. Bien qu’elle soit d’origine océanique, elle est parfois considérée comme un lac. Ses eaux sont d’ailleurs peu salées (environ un tiers de la salinité des océans). Au nord, elle offre de nombreuses zones côtières d’eau douce. Si elle était autrefois réputée pour la richesse de sa vie marine et l’abondance de ses pêches, ce sont désormais ses ressources en hydrocarbures et sa position géostratégique qui excitent les convoitises.

Dans l’Antiquité, elle est également connue sous le nom d’océan Hyrcanien. D’après la légende, les terres d’Hyrcanie, situées sur sa rive sud, étaient peuplées de tigres et de guerriers farouches.

Source @Charles de Saint Vincent – Auteur de « Caviar, manuel décomplexé à l’usage de l’ amateur »


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